Pour ce nouveau mardi lecture, nous allons laisser la plume à Lise Mairesse, étudiante en Lettres à l’UCL de Louvain-la-Neuve, en Belgique ! Elle tient le blog Douceur de Lire et le compte Instagram du même nom. Passionnée de littérature, elle nous a envoyé sa recommandation littéraire sur Le tout dernier été, d’Anne Bert, pour ce rendez-vous #MardiLecture !
Le tout dernier été, chronique littéraire
« Que feriez-vous si vous vous saviez condamnés ? Comment voudriez-vous finir votre vie si vous saviez qu’une maladie vous privait peu à peu de votre liberté ? Bien sûr, ce n’est pas une question que l’on se pose tous les jours ». Pourtant, Anne Bert, âgée d’une cinquantaine d’années, se l’est posée. Le 2 octobre 2017, cette femme atteinte de la maladie de Charcot a choisi de s’éteindre avec dignité. Elle a décidé de faire publier dans la foulée un très beau livre pour témoigner.
L’euthanasie est encore illégale en France et continue de faire débat. Voici un témoignage nécessaire, à lire pour prendre part à la discussion.
« Le tout dernier été » n’est pas une fiction. C’est un récit de vie, celui que nous livre l’auteure Anne Bert confrontée à une maladie qui ne lui laisse aucun espoir. Pour conjurer le sort, elle prend la décision radicale d’abréger ses souffrances. Cette mort, c’est son choix, un choix qui ne fait pas l’unanimité : celui de reprendre ses droits face à la maladie. Dans ce court témoignage, l’auteure nous explique donc ce choix. Elle expose sa vision personnelle de la mort qu’elle ne cherche d’ailleurs en aucun cas à imposer. Elle nous raconte le dernier été, les adieux, les dernières fois et l’émotion qui la gagne au moment de quitter ce monde.
Evidemment, on ne peut pas juger de la qualité du texte comme de celui d’un roman. La plume d’Anne Bert est pourtant douce et pudique. Il faut du courage pour partager cette épreuve si intime. Et elle réussit à le faire en usant de mots délicats, qui nous touchent en plein cœur.
On ne se sent jamais voyeur, car ce n’est pas d’une autobiographie qu’il s’agit. De la vie et de la carrière d’Anne Bert, de sa famille et de ses amis, on ne sait en effet presque rien. J’ai beaucoup aimé que l’intimité de la défunte soit respectée, on n’entre pas vraiment dans son quotidien. Je craignais de me sentir mal à l’aise durant ma lecture, mais il n’en est rien. L’auteure nous fait le cadeau de nous emmener avec elle dans les derniers moments de son existence. C’est une démarche très touchante qui a su me secouer et me faire réfléchir.
Ce récit a été écrit dans le but de défendre le droit à l’euthanasie. Elle va alors nous livrer ses réflexions profondes sur sa vision de la maladie. La maladie de Charcot est incurable et dégénérative, chaque jour est pire que le précédent. Cette femme, autrefois si indépendante, peine maintenant à faire des actions aussi simples que boire et s’habiller. Anne Bert a fait son choix, et prend le temps de nous exposer avec beaucoup de poésie et de sagesse son raisonnement intérieur.
Je suis me suis sentie reconnaissante de vivre en Belgique, un pays qui autorise chacun à choisir de finir ses jours comme il l’entend. Tout ça à l’aide d’un accompagnement psychologique et de critères légaux suffisants. C’est d’ailleurs là qu’Anne Bert est partie pour finir sa vie, et j’espère que ce récit, beau et nécessaire, saura faire évoluer les mentalités en France pour qu’une pareille loi soit adoptée.
Le tout dernier été, par Anne Bert, Editions Fayard, 162 p., 15 euros, octobre 2017
Voilà, c’était la recommandation littéraire de Lise ! Elle en écrit d’autres sur son blog Douceur de lire, tu peux donc aller les lire par ici si celle-ci t’as plu 😉
Et si tu veux lire nos autres articles, tu peux aussi tous les retrouver en cliquant sur ce lien!